Nico est en ville, pour une histoire de visa à renouveler. L’ambiance n’est pas au beau entre eux depuis un jour où deux. Mathias veut le prendre relax. Il n’a que peu de jours off, il entend faire le plein de soleil et de tout ce qui va avec. Nous sommes sur des transats en bois, sous un large parasol, comme une pyramide creuse d’un tissu bleu marine. (Fermez-les yeux et vous êtes chez Habitat. Isn’t that great ?)
Le regard de Mathias se pose sur un couple de garçons. Entre envie et regret. Envie de drague, de vivre malgré tout. Regret de ne pas voir son amour partagé. Envie de petits culs, tellement neufs et tellement avides de nouvelles caresses. Regret de l’éloignement de plus en plus marqué de Nico, de leur rupture qui, sûrement, se dessine au loin.
Notre première fois à Samui (cf. cahier 14), Nico, Mathias et moi avions connu notre lot de tensions, quoi qu’on les ait (et je parle pour eux deux sans réelle crainte de me tromper), depuis, enfouis sous des couches de bons souvenirs et d’anecdotes. C’est le vieil adage : à trois, il y en a toujours deux pour taper sur le troisième. Bon, on sait vivre, faut pas non plus déconner. Mais il est vrai qu’on glissait systématiquement vers le schéma : deux qui vont bien, et un troisième qui fait la gueule, a mal à la tête (voire : abus en tout genre) ou a tout simplement envie d’être seul. Exemple : un jour gris, abattue par une sorte de bronchite fièvre pas franche, avec en prime les Anglais qui s’étaient mis entre moi et la douce queue de mon Jamaïcain, je leur ai tellement pleuré sur l’épaule, à Nico et Mathias, , qu’ils ont fini par me planter là avec un petit cachet spécial comatage.
Mais à l’époque, ils étaient vraiment ensemble. Leur relation avait six mois. Ils étaient même à leur top. Un top qui a duré quelques années, s’effiloche depuis désormais trop longtemps. Nico et sa peur de l’engagement.
Sa volonté de rester jeune, toujours.
De pouvoir se taper des mecs.
De pouvoir noyer son âme dans les odeurs de foutre des saunas.
De n’avoir aucuns comptes à rendre.
Sur cette plage blanche, un verre de pineapple juice à la main, je perçois comme si c’était marqué en gros sur le sable que nous ne sommes plus « nous trois ». Que notre micro-clan a éclaté, des forces indécelables nous maintenant éloignés à jamais les uns des autres. Notre relation vit sur les restes de souvenirs exsangues à force d’être rabâchés et de soirées dont le peps se mesure à la quantité de drogue ingurgitée. En se brisant, leur couple a broyé mon propre lien avec chacun d’entre eux.
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