vendredi

Plus tard

Ce sont aujourd’hui les petits calculs de Carole qui me reviennent comme une envie de vomir, les faces de planctons dans l’ascenseur, les regards croisés, évités, les petits mots entre collègues (« t’as pas pris du cul ? », « super eighties, ta coupe »). Plutôt que de croire que ça va aller mieux en refoulant le tout, je me mets les doigts tout au fond de l’âme. Déversoir : sentiment de ne pas être à ma place dans ce canard total stupide, impression d’avoir dérivé et d’être désormais échouée à jamais dans le féminin (image d’objets égarés dans l’espace errant à l’infini), inévitables additions (mon âge, le temps qu’il me reste avant d’être une croûte frigide et ménopausée, les années passées à Glitter).
Solution radicale
sauter dans la charrette de Method ;
louer mon appart à un joli cadre célibataire américain travaillant dans le cinéma (Maman n’a pas complètement tort, ça me plairait assez) ;
partir pour un tour du monde. Seule. Six huit mois.
revenir, tannée, désillusionnée, solitaire et forte.
Le joli cadre célibataire américain ne pourrait rien faire d’autre que de me proposer un aller simple pour NY. Ouell, dirais-je alors en prenant des airs de poule, j’y réfléchirai. Mais ce serait tout réfléchi.

P.-S.: Si ça se trouve, à l’heure où j’écris, Glitter n’existe plus, rayé de la carte Method, sa redchef reclassée, son personnel oublié.
Si seulement.

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