vendredi

Le lendemain

La dernière fois que je suis venue à Samui, c’était il y a quatre cinq ans, avec Lex, nous étions sur une autre plage, un hôtel de Limai. Je préfère le plan bungalow. Petite maison, clim, mobilier coquet en teck, ménage tous les jours. Si on est gentil avec les fils des patrons, ils vous ramènent le petit dej et des fruits épluchés. A consommer sur la petite terrasse du bungalow, en regardant le lagon en contrebas.
J’ai bien fait de préparer ma peau. On oublie d’une fois sur l’autre à quel point ça tape. Il y a des heures où le soleil, la chaleur, sont insoutenables – c’est alors qu’il faut s’être trouvé une jolie petite gueule avec qui musarder climatisé. J’enfile mon nouveau maillot Dior (une petite folie, mais de l’année dernière), un sarong en jupette, tongs Victoria Fox, je me regarde dans le miroir : pas mal, un peu palote.
Au bar de la piscine, Nico est en bonne compagnie, il me présente et j’y vais de mon sourire de la Française fraîchement débarquée. Les deux types, anglophones quelconques – mais sûrement anglais, vu leur peau pire que la mienne, sont cent pour cent son genre. Pas très grands, fins, yeux de braise et longs cils pour l’un, gueule de marlou pour l’autre, discrètement provocateurs, ils semblent se tester mutuellement concernant Nico, dans un jeu de regards complices et d’interrogations muettes. « Il te branche ? Vas-y », parait dire l’un, tandis que d’un coup d’œil, l’autre suggère qu’ils y aillent tous deux, tandis qu’en avant-scène, la discussion va bon train sur les variations de prix saisonnières à Samui. Mâchonnant sa paille sans même aucune allusion obscène, Nico participe gentiment, attendant qu’ils se décident. Je ne le reverrai pas avant ce soir, peut-être même demain matin.
Sur le sable, je me donne l’illusion de mater cinq minutes, je ne vois que des couples (même pas beaux), des Thaïs malingres des beaufs. J’en aurais presque la nausée, une sorte de malaise physique, comme un lendemain de cuite : pas envie. Je ferme les yeux. Des tâches blanches qui s’étalent, se déforment comme des traînées d’huile. Bizarrement, je me demande si je n’aurais pas dû présenter Goethe à Nico. C’était peut-être ça qu’il lui fallait pour couper le cordon. Puis je n’y pense plus, je tire la chasse. C’est ce que je compte faire avec chacun des petits éléments de ma vie parisienne dans les jours à venir.

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