Je retire tout ce que j’ai dit sur Goethe – à part les couplets sur sa famille supposée, à propos de laquelle je ne dois pas être loin du compte. C’est un gentleman. S’il était une femme, j’aurais dit « une garce ». Après un magnifique dîner italien (encore) de Saint-Germain-des-Prés, au cours duquel il se passionne pour le XVIIIe français et les héros romantiques, nous buvons un verre au VR., un bar cosy sur le boulevard Saint-Germain. Ambiance rideaux lourds pourpre, fauteuils profonds, lumières douces. Sans crier gare, il se lève et me suggère de le rejoindre «en bas» dans quelques minutes. J’ai bien vu qu’il se tramait un truc avec la patronne, je ne m’attendais pas à ça.
En bas, un couloir distribue les traditionnelles toilettes téléphone. Je suis embarrassée. Je me recoiffe, me lave les mains. La porte du fond s’ouvre. J’entre dans une pièce aveugle qui, comme à l’étage, a été tendu d’un velours prune: une sorte de boudoir, à l’éclairage délicat, un miroir et son lourd cadre doré occupant la moitié d’un mur. Assis dans un sofa, Goethe sert un deuxième verre de champagne qu’il me tend.
Son regard a changé: il est inquisiteur. Il me déshabille avec un grand naturel, me fait tourner, marcher (je n’ai gardé que mes talons). D’un geste il m’intime de me pencher en avant devant lui et sa langue vient fouiller mon cul tandis que ses mains agrippent fermement mes hanches. Je me vois dans le miroir, c’est délicieux. A un moment, alors qu’il se regarde comme, à genoux, je le suce, je pense que ce miroir est sans teint. Ce qu’il me confirme plus tard. La propriétaire du VR. est son ex-femme. Ils ont gardé cette complicité. Lui peut utiliser la «backroom» à loisir à la condition qu’elle puisse profiter du spectacle.
Un gentleman, c’est le mot.
Ted: You’re such a bitch.
Bill: Well, thank you dear.
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