samedi

00h57

Dans le rôle de la salope, je voudrais Louna.
Top et son tanga noir, Aubade, classique, toujours efficace, bas stay-up couture, talons 5cm (un peu Prisu tout ça mais efficace et c’est pas comme si c’était l’homme où la soirée de ma vie). Une demi-heure d’un de mes petits films chéris (celui où la jolie Asiatique se fait prendre par son meilleur copain et un autre mec sur une table de billard, bondage pour l’esthétique et queue de billard bien profond), un quart d’X juste pour me mettre en forme, et roule ma poule. Oui j’ai déjà dîné et non je ne veux pas d’abord aller boire un verre en vitrine aux Deux Magots. J’en fais pas assez à laisser voir le haut de mes bas comme la dernière des putes? A croire que ce cher Goethe a des soucis. Et même, maintenant que j’y songe, il avait peut-être envie de parler. Moi, quand il s’agit de baiser, je suis sérieuse, je ne me disperse pas.
Bis repetita, et Goethe descend quelques minutes avant moi – les bourgeois et les convenances! J’en profite pour rendre franchement le regard à ce gars qui ressemble à Romain Duris en plus vieux, mais même air de mec à qui on ne la fait pas. Il est enfoncé dans un fauteuil, il ne fait même pas semblant d’écouter le type qui lui parle en remuant les bras comme s’il s’agissait de faire atterrir un Boeing. Un moment je pense même : au diable Goethe et ses manières de vieux con : j’embarque Duris, nous vivons heureux, nous avons beaucoup d’orgasmes. Mais le trip du miroir en bas me fait encore couler quand j’y pense. Et justement, j’y pense.
En bas, on tarde un peu à ouvrir et je ne sais pas comment le prendre quand je me retrouve nez à nez avec une fille aux seins et au nez en trompette, une queue de cheval, des hanches qui tiennent dans ma pochette Vivienne Westwood. Elle n’a pas l’air gênée du tout, qui se remet à genoux entre les cuisses de Goethe, et le pompe pendant que celui-ci fait – inévitables convenances – les présentations. Sue, ou Pam, ou… Non, je ne sais plus, un truc de série TV des années quatre-vingt. D’ailleurs, à y regarder de plus près, y a des chances qu’elle ait été conçues devant Dallas ou Dynastie – je dis pas ça méchamment.
D’abord, je pense: quel salopard, ce Goethe, il aurait pu me prévenir qu’il en voulait deux pour son seul bout. Puis, plus je la regarde, pompant le dard tout en se caressant comme si sa vie en dépendait, plus je me laisse faire. L’X est bien monté et après tout, je n’ai jamais craché sur une jolie petite paire de nichons. Goethe m’a fait asseoir sur l’accoudoir de son fauteuil, il me caresse gentiment la cuisse, à la lisière du bas. Et je pense : on nous mate, là, derrière le miroir, et ça me fouette le sang plus que n’importe quelle drogue.
Je retire ma jupe sans façon et je m’exhibe, je me caresse face au miroir, sous le nez de Goethe qui me doigte un peu mais profite surtout du spectacle. Pam ou Sam tourne le dos à Goethe, assise sur sa queue et elle a vite fait de jouir, si j’en crois ses vocalises.
C’est mon tour et toujours debout, les mains sur le dossier, Goethe m’enfile tandis que la petite bouche de Sue ou je-ne-sais-quoi vient me titiller les seins. Je me regarde, j’imagine un couple derrière le miroir sans teint, et je jouis en deux minutes. Ça dure comme ça un moment et une autre fille déboule. Peut-être parce que je suis un peu en descente, j’ai l’impression de faire partie d’une brochette de crevettes. Je demande à Goethe : c’est ton anniversaire, ou un truc dans le genre, mais il est occupé à doigter la nouvelle venue qui, je crois, le doigte aussi. Ça me gave, je m’exit.
Au bar, j’avale un Southern vite fait. La patronne n’est pas là, peut-être derrière le miroir. Le barman me rattrape comme je vais pour monter dans un tax, me file une carte de visite, juste une adresse e-mail. Dans la vitre arrière, le brun à la Duris est sur le trottoir, il me regarde en allumant une clope.

Ted: Hey, black sheep, have you any dope.
Bill: Yeap sir, three bags full.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire