vendredi

Autre arrondissement, autres mœurs. Un squat, dans le XXe, je tourne un moment en taxi, je n’ai pas les bonnes fringues pour ce genre d’endroit, trop court, je ferme le manteau de cuir. Techno hardcore, le cœur qui saute dans sa cage, menace de s’échapper. Il y a un moment que je suis pas venue dans un endroit comme ça. Looks, crêtes, travellers, piercings, défonce – mauvaise défonce. Une performance de cracheurs de feu, et derrière, perché en haut d’une sorte d’échafaudage, deux DJ – l’un d’eux est Rob «Duris». Texto. Il m’a vue mais continue de s’affairer autour des platines. Si je t’emmerde, n’hésite pas. Le son est à chier, insupportable. Bon, je bois un verre et je me casse.
Et puis non, ils n’ont que de la Seize, ça fait pisser et juste après, tu as le cerveau qui s’ouvre en deux. Plan B, je compte jusqu’à cent et je me casse.
Et je me casse.
Je marche des plombes, pas âme qui vive, pas même une station de métro, pas de tax.
Je pense: je tourne en rond.
Je pense: c’est Laura qui a fait la cuisine, elle a saupoudrée la bouffe de champis séchés.
Et : elle a saupoudré la bouffe de peyotles et je vais me faire un bad trip au milieu de nulle part.
Mais au détour d’un croisement (ça fait toujours ça à Paris), je retombe sur mes pieds. Au bout de la rue, là-bas, c’est Gambetta. Ça tombe bien, je suis suivie. Il se rapproche. Seul, d’après ce que j’entends, saloperie de talons, mon portable, et puis j’appelle qui? «Eh.» Et si je m’arrête… «Eh, va pas si vite.» Une main sur mon épaule, ferme. C’est Rob, yeux noisette claire, odeurs d’Egoïste, de tabac et d’alcool. De sueur aussi. Rassurée l’espace d’une minute. Il dit: «Ça va? T’as flippée?» Et: «Je t’ai regardé, t’es terriblement sex.» Sa main entre mes cuisses, remonte, je ne sais pas si j’ai à nouveau peur ou si je suis excitée. Sa langue dans ma bouche, sa main me fouille. Bon : je crois que je suis à la fois effrayée et excitée. Chez ma gynéco, il y a une semaine, un article sur le décalage entre le fantasme et la réalité d’un viol. Ça ne doit pas en être un, je ne pense pas à crier.
Je pense: une capote, lui faire mettre une capote.
Je pense: je dégouline comme une fontaine.
J’arrête de penser et je jouis juste du frottement de son jean sur ma vulve.

Rien que le souvenir et ça me picote les reins et le bout des seins.
Cyril passe dans une heure pour le thé. Il pourra peut-être me calmer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire