I heard your voice through a photograph
I thought it up it brought up the past
Once you know you can never go back
I’ve got to take it on the other side
RHCP
Coup de blues du samedi soir. Cette fois c’est moi qui ai appelé Laure. C’était ça ou couler une nouvelle bouteille de Southern. Avec l’alcool, je finis toujours par être encore plus mal. Je pleure devant ma glace, je m’endors par terre, sans compter que le lendemain ça fait mal.
Elle vit rive gauche dans le XVe, sorte de parc à trentenaires comme il faut, avec poussettes 4x4 pour le parc à côté et tout le nécessaire à citymarché fermant – pratique – à 22 heures.
En revanche, pas un bar d’ouvert (en dehors des alentours de cinés), pas une boulangerie digne de ce nom (t’as qu’à citymarcher, on te dit !).
L’appartement est spacieux, des pièces en enfilade, des recoins. Depuis la cuisine (aménagée version bonheur rustique de la ménagère chic), on peut très bien imaginer qu’on est seul au monde ou qu’au contraire, dix personnes vont sortir des chambres, la même chose du salon et du bureau.
Dans la pièce principale, celle qui, traditionnellement donne sur la rue, une cheminée jette ses lumières sur un combiné parquet de lambris chevron canapé en cuir tapis épais, digne des meilleurs numéros d’hiver de Mon appartement parisien.
Au lycée et à la fac, le fossé social entre nous n’existait pas. On s’en foutait. D’ailleurs, en y réfléchissant, et passé le paravent des apparences, on s’en fout toujours. La preuve, les gamins couchés et endormis (sympas les gamins, même pas chiants), on est là, vautrées par terre à se passer un pétard (la fenêtre ouverte, quand même), en regardant des photos que Laure a retrouvées.
Un voyage scolaire de fin d’année, à Berlin.
A l’époque, il y avait encore le Mur.
A l’époque, nous avions toutes les deux les cheveux crêpés comme Robert Smith.
A l’époque, nous aimions cette phrase: «La vraie vie est ailleurs.»
Sur les photos, il fait chaud, nous campons, des tentes de sept huit dans le quartier américain. Un camping au bord d’un lac, infesté de moustiques. Notre prof était un ronfleur. Il n’y avait qu’à tendre l’oreille pour savoir à quel moment nous pouvions filer. Rejoindre la troupe d’Anglais en combi Volkswagen et cheveux longs qui jouaient de la guitare et des percus en fumant.
Laure et moi gloussons, stones. Je fume tous les jours mais d’être stone avec elle, c’est comme si je ne l’avais pas été de toutes ces années.
Tu te souviens de celui qui avait le crâne rasé et une grosse dread-lock. / Y avait pas que la dread-lock qui était grosse.
Et l’autre, totalement défoncé, qui était allongé par terre en train de souffler dans une chambre à air, croyant gonfler son matelas.
Et quand le gérant du camping nous a menacées de nous balancer au prof.
Etc.
On s’est endormies devant les braises et c’est l’air froid entrant par la fenêtre restée ouverte qui m’a réveillée. J’ai tiré une couverture sur Laure. Je suis sortie sans un bruit et j’ai pris un taxi.
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