vendredi

Plus tard ou un autre jour

Après Sulawesi, Samui était une bulle d’air à tous points de vue. Les conditions matérielles, bien sûr – quoi que, pour la première fois de ma vie, j’avais du mal à encaisser les simagrées touristiques, les nanattes option peperles, one massage, madam, very cheap, manucure, happy hour, 5-days tattoos. Ou, version nocturne, cocain, heroin, extasy, là encore very cheap, brother.
Sans la came, sur laquelle j’avais fini par mettre une croix, je retrouvais les mecs. Et là, comme pour le reste, il n’y avait que l’embarras du choix. Des riches, des surfeurs, des en bande, de toutes nationalités, il suffisait de savoir en quelle langue on avait envie de baiser. Je me souviens d’un rasta, un Jamaïcain, prétendait-il, Black, muscles longs, épaules bien faites, qui jouait des percus, fumait et n’était pas emmerdant. Avec ses potes, ils avaient établi leur camp dans des bungalows en retrait de la plage, sans la clim, l’eau courante à certaines heures (j’imagine que ce type était une sorte de transition avec ma vie à Sulawesi). On se voyait pour baiser ou pour nager. Ace, comme il se faisait appeler, ne posait pas de questions, moi non plus. De toute façon, je ne comprenais rien à ce qu’il disait. Parfois je montais chez lui (plutôt chez eux, ils étaient bien six ou sept), ils tapaient des percus et des bangs, confectionnés dans des bouteilles de plastique d’eau minérale. C’était tranquille. Parfois il venait me voir avec des bières, roulait des joints tout fins sans tabac, me régalait de sa longue langue.
Il y avait aussi un Anglais. Tout l’inverse. Très blanc et très compréhensible. Vachement moins drôle mais là non plus, pas emmerdant, un corps de rêve et bon baiseur.
Bizarrement, tout à l’heure, j’ai pensé à Aurélie. Pour ce que j’en sais, elle n’a ni Mathias ni Nico pour venir la choper par la peau du cou, la sauver d’elle-même.

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