samedi

Mimi est en arrêt maladie, ce qui nous dispense de ses geignardises pour quinze jours.
Sur ma lancée, briefing avec deux rédactrices qui préparent un dossier sur sommeil et bien-être. Comme à chaque fois, je crois que ce genre de marronnier va prendre dix minutes de préparation, juste le temps de se répartir les thèmes, mais non, c’est encore des histoires sans fin pour la répartition des feuillets, des guérillas en devenir pour des places dans le chemin de fer, et je vois déjà l’une comme l’autre qui demain, après-demain, viendront réclamer ce qu’elles considèrent chacune comme leur dû, du fait de leur éminente connaissance du sujet, y a pas de raison que je ne fasse pas le papier d’ouverture, ce sujet-là est pour moi, etc.
Moi, je pense : soleil, lézard, jus de fruits frais, rien.
Je pense: plages festives, peaux bronzées, parfum de sexe.
Et: la main de Cyril, le regard de Romain Duris, qui se cache sous le masque de Batman?
La matinée est vite passée.
Déjeuner avec Aurélie. Comme on pile, debout sur le frein. L’hallu.
Elle est devenue la mascotte de son club, les coups de fouet la font frémir juste même maintenant comme elle me parle. Grand moment, depuis la semaine dernière on la sort : traduction, c’est dehors qu’elle fait le chien-chien. « Pas toujours à quatre pattes, mais ils m’emmènent du côté de la place Dauphine, mains attachées dans le dos, juste en combinaison. L’autre soir, ils m’ont livrée à des types, ils devaient être une dizaine, ils m’ont couverte de sperme. » Elle raconte ça en se tortillant sur son siège, les joues rosies. «Ils ne m’ont pas touchée, prévient-elle comme si on doutait de sa candeur. Juste une branlette collective.» Elle va trop loin, elle me débecte. Un jour, elle se fera salement violer et récoltera de l’occupation pour les quelques années qui lui resteront à vivre. Un jour elle se réveillera et ne pourra pas se faire face. Dernier appel pour les passagers du vol Valium.
Ceci ne me concerne pas. Cette fille ne me concerne plus.

C’est comme :
- les photos de moi prises dans ma période brown ;
- la copine qui disparaît avec ma plus belle bague – et réapparait au bras de mon ex;
- les soirées condomless.
Ça ne devrait pas exister.

En début d’aprem, j’avale une boulette de shit pour ne plus penser à tout ça et planer un peu.
Et je pense : les Hitchcock à nouveau sur grand écran, ça peut être sympa.
Je pense: pas trop tard pour une opération carotène avant mon départ.
Je pense: si je me coinçais Cyril un de ces soirs.
Pour finir, je décide de ne pas attendre un de ces soirs et de continuer sur ma lancée. Je lui passe un coup de fil. Le chauffe, d’emblée – le prétexte de ses doigts ce matin sur mon cul, dont je n’arrive pas à détacher ma pensée.
Je mouille.
Plus je le lui dis, plus je mouille.
L’escalier de secours du parking. Inusité. Je l’attends. Je n’ai pas allumé, juste la veilleuse de secours. La porte grince, ma gorge se serre. Il ne dit rien, me colle le cul contre le mur, nos langues se retrouvent, son sexe grossit sur ma hanche. Nous haletons, quelques mots fusent, garce, viens je te suce. A quatre pattes sur le béton de l’escalier, j’ai relevé ma jupe, il me doigte et je jouis une première fois. Chaque râle, c’est comme si j’effaçais un peu plus ce moment avec le tennisman, celui avec Aurélie, avec tout ce qui me pollue mais dont je n’arrive pas à m’abstraire. Il me prend d’un coup de rein, tout au fond. Reste là sans bouger, grogne. Ses mains me possèdent, sa queue me possède, je ne m’appartiens plus – enfin.

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